MECHMOUM EL FELL
(Bouquet de jasmin)

 


Montage exclusif pour www.altaiir-enricomacias.com

Si Zeryeb fait une longue escale à Kairouan vers 830 avant de s'établir à Cordoue, c'est que cette ville religieuse de Tunisie est la deuxième capitale de la musique arabe après Bagdad. Elle cultive et développe cet art depuis déjà environ un siècle.

Cinq siècles plus tard, les rois catholiques obligent une dizaine de milliers de réfugiés à s'installer à Tunis. A l’instar de tous les juifs et arabes chassés d'Espagne et qui s'établissent sur cette côte méditerranéenne, ils apportent avec eux leur patrimoine musical qui, comme à Fès, Tlemcen, Alger et Constantine, subira les influences locales teintées de culture ottomane. C'est la naissance du Malouf
en Tunisie.

C'est au XVIII siècle que le Malouf tunisien connaitra son plein essor sous le règne de Rachid Bey. Violoniste et oudiste confirmé, ce souverain mélomane remaniera et fixera le répertoire des noubas tunisiennes.
Dans son palais du "Bardo", il fonde une école de musique qui sera longtemps conservée sous le règne de ses successeurs.

Cette tradition musicale se perpétue à travers le temps jusqu'en 1934, année de la création de la "Rachidia", association culturelle et artistique dont le nom est emprunté à Rachid Bey.
Des générations entières d'artistes rejoindront "la Rachidia" alimentant ainsi son répertoire. Parmi ces grands noms, on peut citer Saliha et sa fille Choubeila Rached, Chafia Rochdi....

Les années 1960/1970 verront émerger une grande vague de chanteurs populaires qui porteront les voix de la Tunisie à travers le monde. Ali Riyahi, Naama, Oulaya, Ahmed Hamza, Hédi Jouini, El Jamoussi, Youcef T'mimi et bien d'autres laisseront leurs noms en lettres d'or au sein du riche et vaste répertoire tunisien.

Mais à parler de Malouf proprement dit, c'est à Khemais Tarnane que revient l'honneur de perpétuer et vulgariser cette musique. Outre les responsabilités qu'il assure au sein de "la Rachidia", on lui doit la formation d'un grand nombre d'artistes venus souvent d'Algérie, mais aussi d'ailleurs, comme Thouraya qui, après avoir été bercée par le Malouf de
Constantine où elle est née, et côtoyé les Ghrenassia, vient bénéficier des enseignements de ce grand maître.


Thouraya, Enrico Macias, Taoufik Bestandji et son ensemble Fondouks



Tahar Gharsa
est le plus grand maître du Malouf tunisien. En effet, né d’un père mélomane, cet artiste se trouve sensibilisé dès son enfance au Malouf, Charqui et autres Muwachahats. Il nait dans un quartier de la vieille médina de Tunis où habite également le Grand Khemais Tarnane qui l'adopte vite et lui apprend les règles de l'art. Il jouera un rôle très important dans l'enrichissement du patrimoine tunisien et tout particulièrement du Malouf.
Comme tous les chouyoukhs avides d'élargir leurs répertoires, et riche de ses influences tunisiennes typiques, il part à la recherche des noubas disparues tout en continuant de perfectionner celles déjà existantes, ce qui l'amène très logiquement à Constantine où il rencontre la famille Fergani. Ensemble, ils œuvrent main dans la main pour développer et populariser cette musique.

A sa mort en 2003, et comme le veut la tradition, c'est son fils Zied qui reprend le flambeau. Il faut dire que cet illustre "multi-instrumentiste" est doué d'une voix de ténor et dispose de dons naturels qui le placent aujourd'hui parmi les grands maîtres de cet héritage de l'humanité. En 2006, il devient chef d'orchestre de la prestigieuse " Rachidia" et voyage à travers le monde entier pour faire connaitre son art.
Comme son père, il travaille en étroite collaboration avec les Fergani et ils s'invitent mutuellement pour des représentations communes comme lors du festival national du Malouf ou du festival international de Carthage où, à l’instar de toute la Tunisie, on s'installe sous les senteurs du jasmin (l'un des symboles du pays) pour se laisser bercer par la magie de cette musique.

Beaucoup d'autres noms s'inscrivent dans la tradition musicale tunisienne et continuent leurs recherches pour perpétuer et faire connaitre le patrimoine de ce pays des mille et un parfums. Parmi eux, Lotfi Bouchenak est l'un des plus célèbres.

Comme le dit si bien Enrico: " De toute façon, la musique arabo-andalouse sera toujours perpétuée !!".

 

DERNIERE MISE A JOUR
13.05.2012 20:35